Redécouvrir le solidarisme : un enjeu de taille pour l’économie sociale et solidaire

Benjamin Chapas, enseignant-chercheur à l’ESDES et chercheur associé à l’IFGE, publie un article dans la revue du MAUSS.

« Sans doute une des raisons principales qui empêchent l’économie sociale et solidaire de jouer pleinement son rôle est-il le flou relatif de ses fondements doctrinaux. L’auteur montre ici tout le bénéfice qu’elle pourrait retirer d’un retour à l’une de ses sources : le solidarisme. A. C. »

Benjamin Chapas, « Redécouvrir le solidarisme : un enjeu de taille pour l’économie sociale et solidaire », Revue du MAUSS permanente, 17 juillet 2013 [en ligne]. Accès ici: http://www.journaldumauss.net/./?Redecouvrir-le-solidarisme-un

Extrait:

« Introduction: A l’heure où les risques contenus dans les conceptions économiques et politiques qui ont prévalu au 20e siècle se font cruellement sentir, la redécouverte de la pensée solidariste constitue une très bonne nouvelle pour tous ceux qui appellent et travaillent à l’émergence d’une « économie sociale et solidaire ». En plus de renouer avec une doctrine qui a joué un rôle important dans la structuration de cette « autre économie » (Azam, 2003), c’est en effet pour eux l’occasion de réaffirmer l’ambition politique d’un mouvement qui est né dans la lignée des mouvements associationnistes du 19e siècle – laquelle ambition est ultimement contenue dans l’idéal moderne d’émancipation des individus (Caillé et Chanial, 2011). Car, on le sait, si les chiffres témoignent de sa bonne santé et que son utilité est le plus souvent reconnue, l’ESS souffre encore à cet égard d’un manque de reconnaissance par rapport à l’économie capitaliste « classique », au sens où ses réalisations n’empêchent pas qu’elle peine à s’affirmer comme un mouvement unifié et capable de renouer avec l’exigence d’universalisation et de transformation sociale qui est au fondement de nos sociétés modernes et démocratiques. Le développement accéléré du domaine des « solidarités volontaires » ces trente dernières années semblant alors se payer au prix d’une incapacité à en désigner les contours autrement que de manière relative et négative, soit en opposition à la croyance que la seule organisation économique efficace et légitime est celle qui fait droit aux mobiles de l’intérêt individuel et passe par le détour exclusif du marché (Caillé, 2003 et 2005).

Aussi, c’est précisément parce que le solidarisme est une pensée politique qui a inscrit l’exigence d’émancipation des individus au fronton de son temple qu’il nous a semblé opportun de voir si, de son épure théorique, on ne pouvait dégager quelques « prises » permettant de se doter d’une acception plus « positive » de l’ESS. Notre objectif étant de faire ainsi un pas un pas vers la constitution de cette « théorie générale de l’ESS » sans laquelle, comme le pense Draperi (2011), le projet sociopolitique qui la fonde risque de ne jamais être pris au sérieux autrement que par ceux qui s’en font les promoteurs. Tel est le point de départ de notre travail dans lequel, en d’autres … « 

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