Séminaire Lectures institutionnalistes de la RSE’ à Sciences Po Paris

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EXTRAIT Introduction de l’intervention  » La RSE à la recherche d’un point fixe: dilemmes de la rationalisation économique et approches radicales »

« … La RSE est souvent comprise à l’intersection entre l’espace économique des entreprises et l’espace politique de la société qui l’entoure. Dire cela c’est déjà problématique, car cela suppose qu’il existe un espace qui serait strictement économique et a-politique et un espace politique qui ne serait pas économique. Entre ces espaces, la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (désormais RSE) exprimerait une espèce de membrane qui filtrerait ce que l’entreprise doit prendre en charge et ne pas prendre en charge.

Je ne fais pas référence ici à la difficile et sans doute insoluble question des frontières de la firme question qui traduit combien le processus de production lui-même n’est pas localisé dans un espace que l’on peut aisément circonscrire dans une firme aux frontières nettes ; il s’étend désormais bien au-delà dans un jeu parfois inextricable de contrats mais aussi d’engagements mutuels voire de dépendance de sentiers technologiques qui rendent solidaires les entreprises entre elles au-delà de leurs marchés respectifs. Parler donc de la responsabilité d’une entreprise est déjà problématique. Mais ce n’est pas là que porte mon propos principal.

Je fais référence à la question plus radicale des frontières des firmes, c’est-à-dire celles qui articulent les espaces économiques et politiques. Avec Polanyi mais aussi avec toute une tradition bien ancrée dans l’économie politique, on admet que cette frontière est une construction idéologique dont le tracé varie avec les rapports de force pour imposer, précisément, une vision non seulement des rapports de production mais plus largement des acteurs légitimes pour gouverner les humains en usant de ces rapports de production.

Dans ce cadre, les « pratiques gestionnaires » ont pour objet de rationaliser, d’une part ces rapports de production, d’autre part les principes de gouvernement d’entreprise en les rendant homothétiques à une même conception de la performance. C’est dans cette logique que s’inscrit la notion de RSE telle que les disciplines de gestion les mettent en évidence : je montrerai dans une première partie quels sont les soubassements nécessairement économiques rationalisant la RSE, tels qu’on peut la repérer dans la littérature en gestion (1). Dans une seconde partie, je développerai une analyse plus personnelle de la RSE, en m’appuyant sur les thèses que je développe sur l’entreprise radicale et je montrerai en quoi la RSE, loin d’être une production sociale contre l’entreprise peut être interprétée comme une production sociale de l’entreprise qui participe ainsi à la construction la société (2). En conclusion nous pourrons nous interroger sur la signification particulière de la résurgence de la RSE dans la période contemporaine : à quelle crise particulière des rapports entre politique et économique correspond-elle pour que le déplacement de la frontière des firmes ait été rendu nécessaire et en quoi ce déplacement permet aux entreprises d’exercer un rôle régulateur renouvelé (3)… » [fin de l’extrait. Cette intervention donnera lieu à publication].

 

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