Bertrand Valiorgue publie un article dans le journal Le Monde et défend l’idée d’une convention des agriculteurs pour le climat.
Pour accéder à l’intégralité de l’article c’est par ici.
L’été 2022 a montré combien l’agriculture et nos systèmes alimentaires sont d’ores et déjà fragilisés par le réchauffement climatique. Le manque d’eau, les fortes chaleurs et la puissance des rayonnements solaires ont perturbé l’élevage des animaux et la culture des céréales.
Ces difficultés se renouvelleront dans les années qui viennent ; plus le climat se déréglera, plus elles seront sévères. Face au changement climatique, il est indispensable de préparer l’agriculture française sous peine de voir resurgir le spectre des tensions et pénuries alimentaires.
Toute la question est désormais de savoir comment déclencher un mouvement général de l’agriculture française pour faire face au changement climatique.
Qu’ils soient biologiques, raisonnés ou conventionnels, tous les modes de production sont concernés et personne ne peut dire aujourd’hui qu’il détient la clé pour ce faire. L’agriculture française n’est tout simplement pas prête et une trajectoire d’adaptation doit être mise en place.
Rien de pertinent et d’efficace ne pourra venir d’une initiative centralisée qui viendrait d’en haut et s’imposerait aux agriculteurs. L’ampleur et l’importance du défi de la transition agricole nous obligent à inventer de nouvelles façons de faire pour fabriquer du consensus et lancer une dynamique collective d’engagement.
Les expériences de la Convention citoyenne pour le climat et de la Convention des Entreprises pour le Climat s’avèrent à cet égard particulièrement inspirantes.
En dehors de toutes considérations partisanes et sur la base de constats scientifiques, ces deux dispositifs ont permis de faire prendre conscience à des citoyens et à des entrepreneurs de la sévérité du changement climatique.
La mise en place d’une Convention des agriculteurs et des agricultrices pour le climat est susceptible de provoquer une prise de conscience à l’échelle de toute la profession.
C’est un moyen de redonner l’unité nécessaire à une profession fragilisée par des divisions internes et des luttes intestines qui fabriquent de l’immobilisme face au changement climatique. C’est aussi un moyen de produire de nouvelles normes face à une gouvernance cogestionnaire à bout de souffle. C’est enfin un moyen pour ouvrir la profession agricole à d’autres acteurs, technologies et savoir-faire pour engager de nouvelles coopérations et dynamiques d’innovation.
Il convient de mobiliser toutes les intelligences pour construire une trajectoire d’adaptation.
L’installation d’une Convention des agriculteurs pour le climat peut nous faire gagner beaucoup de temps quand la politique des petits pas n’est plus une option.