Bertrand Valiorgue :
Dans notre introduction du numéro spécial de la Revue française de gestion « Organisation et sciences de gestion à l’épreuve de l’Anthropocène », nous revenons avec Aurélien Acquier et Julie Mayer sur les conséquences épistémiques du changement climatique et du franchissement des limites planétaires pour et sur les sciences de gestion.
Si notre discipline veut conserver une « utilité sociale », il nous semble que 4️⃣ frontières sont à questionner et dépasser :
1️⃣_ ́ ́
L’une des manifestations directes et visibles de l’Anthropocène concerne la finitude et la raréfaction de ressources naturelles (énergies fossiles, eau douce, , ressources minérales, biomasse…). Dans ce contexte de raréfaction, la question de savoir si prélever une ressource relève de l’intérêt « commun » va devenir un enjeu clé. Comment statuer sur l’utilité sociale de l’exploitation des ressources ? Le sols peut-il servir de mécanisme d’accès lorsque l’accès aux marché répond à des besoins fondamentaux ? ressources
2️⃣_ ́ ̀ , -́ ́
L’Anthropocène marque le basculement dans un contexte où toute base de référence naturelle stable tend à disparaître. En plus de leur caractère instable, l’Anthropocène expose les organisations à des non linéaires et irréversibles. Ces dimensions d’instabilité structurelle, de non-linéarité et d’irréversibilité, qui se complètent et s’entretiennent, contribuent à bousculer de nombreux repères de la pensée gestionnaire. risques
3️⃣_ ’ ̀
Les sociétés occidentales sont construites autour du projet de libérer leur destin de la fatalité de la nature pour améliorer leurs conditions de vie. Elles sont fortement marquées par une « naturaliste » fondée sur une séparation nette entre l’humain et le non humain. Une ontologie post-naturaliste est-elle envisageable et praticable pour les organisations ? ontologie
4️⃣_ ́ ’́ ́ ’ ́
En remettant en question radicalement les rapports entre science et société, .pouvoir et idéologie, connaissance et émotion, faits et valeurs, humains et non-humains, l’Anthropocène induit des problématiques identitaires inédites pour les sciences de gestion. Elle percute les identités académiques et les formes d’engagement des chercheurs.