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Violence, sacré, bouc émissaire, réciprocité négative, désir mimétique
Rarement les travaux d’un auteur contemporain auront suscité en France et à l’étranger autant de débats et de controverses que ceux de René Girard. Pour certains, il s’agit d’une des plus grandes avancées de la pensée moderne alors que d’autres voient en René Girard, un auteur dépassé, tentant une ultime et désespérée réhabilitation du christianisme (Debré, 2003). Au delà de l’individu, c’est sans aucun doute le projet scientifique de notre auteur qui l’expose à de telles critiques. En effet, la plupart des travaux de René Girard s’attache à comprendre l’origine de la violence humaine et ses mécanismes de contention. L’auteur prend à contrepied la tradition moderne et montre, d’une part, que ses prémisses conceptuelles sont extrêmement fragiles car elle ne parvient pas à penser la violence. Et d’autre part, que la modernité est fille du religieux et qu’elle ne peut pas, à ce titre, s’exonérer de penser le sacré. Le coup est rude pour les penseurs modernes, leurs raisonnements reposent sur du sable et ils sont précisément issus de ce qu’ils combattent et éclairent. On comprend la violence des réactions.
Notre objectif dans ce cahier de recherche est de revenir sur les origines de la pensée girardienne et de présenter le raisonnement qui amène l’auteur à lier son projet scientifique à sa foi chrétienne. Hérétique pour les gardiens du temple, scandaleux pour les modernes, René Girard n’en demeure pas moins un penseur original et puissant qui éclaire la « condition de l’homme moderne » (Arendt, 2002) avec une acuité qui ne laissera personne indifférent.
Nous revenons en premier lieu, sur l’ouvrage « la violence et le sacré » publié en 1972 dans lequel René Girard s’attache à montrer le caractère irréductible de la violence chez l’homme. Nous abordons ensuite les travaux qui tentent de comprendre les origines de cette violence à travers l’ouvrage « Mensonge romantique et vérité romanesque » (Girard, 1961) où l’auteur décrypte les origines du désir et de la rivalité chez les hommes. Dans une troisième partie, nous suivons l’auteur dans sa tentative d’explication des mécanismes qui, historiquement, ont permis de contenir la violence dans les sociétés primitives (Girard, 1982). Nous développons la perspective du bouc émissaire et présentons dans une dernière partie les raisons qui poussent René Girard à réhabiliter la fonction du religieux dans nos sociétés modernes.
Mots clés :
René Girard, violence, mimésis, bouc-émissaire, sacré, réciprocité violente
Bibliographie
Arendt H., (2002), La condition de l’homme moderne, Paris, Agora
Bateson G., (1995), Vers une écologie de l’esprit, tome 1, Paris, Seuil
Debré R., (2003), Le feu sacré, fonctions du religieux, Paris, Fayard
Dupuy J. –P., Deguy M., (1982), René Girard et le problème du mal, Paris, Grasset
Freud S., (2004), Totem et tabou, Paris, Payot
Gauchet M., (1985), Le désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion,
Gallimard, Paris
Girard R., (1961), Mensonge romantique et vérité romanesque, Paris, Grasset, réédition, Paris,
Hachette Littérature, 2008
Girard R., (1972), La violence et le sacré, Paris, Grasset, réédition Paris, Hachette Littérature, 1998
Girard R., (1978), Des choses cachées depuis la fondation du monde, Paris, Grasset
Girard R., (1982), Le bouc émissaire, Paris, Grasset
Girard R., (2004), La voie méconnue du réel, Paris, LGF
Girard R., (2005), « La pierre rejetée par les pâtisseurs », Théléogiques, vol. 13, N°2, pp. 165-179
Girard R., (2007), Achevez Clausewitz, Paris, Carnet Nord
Girard R., (2009), Christianisme et modernité, Paris, Flammarion
Girard R., Antonello P., Castro Rocha J. C., (2006), Les origines de la culture, Paris, Hachette
Girad R., Stella Barberi M., (2006), Celui par qui le scandale arrive : entretiens avec Maria Stella
Barberi, Paris, Hachette
Mauss M., (2007), Essai sur le don : forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, Paris,
PUF
Nietzsche F., (2007), Le gai savoir, Paris, Flammarion
Nietzsche F., (1974), Ainsi parlait Zarathoustra, Paris, LGF
Rogin Anspach M., (2002), A charge de revanche : figures élémentaires de la réciprocité, Paris,
Seuil
Serres M., (1994), Atlas, Paris, Juliard
Wieviorka M., (2005), La violence, Paris, Hachette